<102>Ces turbots, ces pouparts, et ces ragoûts bizarres,
Moins bienfaisants, moins bons que singuliers et rares;
Loin de l'art des Neversa et du raffinement,
Considérons ce pain, pur et simple aliment
Qui sert toujours de base à notre nourriture;
Qu'il coûte de travaux, de soins et de culture!
Voyez ces laboureurs, dès l'aube vigilants,
Qui guident la charrue et cultivent les champs;
Ils éternisent l'art qu'enseigna Triptolème,
Par leurs rustiques mains le grain divers se sème,
On creuse avec le fer, on ferme les sillons,
L'ouvrage a préparé d'abondantes moissons.
En vain sur les guérets l'aquilon souffle et gronde,
Vers le riant printemps la semence féconde,
Se sentant des faveurs de la blonde Cérès,
Germe, pousse, s'élève, et couvre les guérets
De sa plante touffue, en été jaunissante.
Alors le laboureur saisit sa faux tranchante,
Et moissonne à grands coups cette forêt d'épis;
Et l'on voit sur ses pas ses enfants accroupis
Qui, recueillant le blé de leurs râteaux fidèles,
Après l'avoir lié, l'entassent en javelles;
De là le bœuf tardif vers le plus proche lieu
Traîne à pas lents ce poids qui fait gémir l'essieu;
Plus loin, des bras nerveux, forts de leur tempérance,
Par des coups redoublés le battent en cadence,
Et séparent enfin par leurs pesants fléaux
L'aliment des humains de celui des troupeaux.
Voici de nouveaux soins : ce grain que l'on sépare
Par un autre instrument se broie et se prépare;
Il change de nature; une pierre, en tournant,
a Philippe-Julien Mazarin Mancini, duc de Nevers, mort en 1707. Dans son Épître à M. le duc de Nevers sur la petite vérole de M. le duc de Vendôme, l'abbé de Chaulieu s'exprime ainsi :
Et bien que chez toi l'abondance.
Si familière en tes repas,
Y fournisse cinquante plats
Des mets les plus exquis de France, etc.