<131>Qui jadis comme vous risqua cent fois sa vie
Pour défendre l'État, pour sauver la patrie.
Cher Finck,c ah! Schulenbourg,d que je plains votre sort!
Toi, brave Fitzgerald,c spectateur de ta mort,
Était-ce donc à moi de fermer ta paupière?
Que ne promettait pas ton illustre carrière,
Si le dieu des combats, de tes exploits jaloux,
N'eût trompé notre espoir en t'arrachant à nous!
Tous ces vaillants guerriers au trépas se dévouent,
Les Anglais sont surpris, et les Hongrois les louent;
Dans ce fameux combat si longtemps disputé,
L'amour de la patrie et l'intrépidité
Les firent triompher, à force de constance,
Des vieilles légions fières de leur vaillance
Qu'Eugène avait su rendre invincibles sous lui,
Et l'Autriche contre eux en vain cherche un appui.
Que dirai-je de vous, héros couverts de gloire,
A qui la Prusse doit sa seconde victoire?
Rien ne vous ébranla; ces perfides Saxons,
Méditant en secret d'infâmes trahisons,
Rompaient les nœuds sacrés d'une triple alliance;
Ils quittaient la Bavière, et la Prusse, et la France;
Jaloux de nos succès, qu'ils ne pouvaient ternir,
Ils fuyaient, et par crainte, et pour nous affaiblir;
Le Lorrain s'avançait vers l'Elbe épouvantée;
Mais par votre valeur son onde ensanglantée
Apprit à l'Océan vos immortels exploits.a
Hélas! cher Rottembourg,b est-ce vous que je vois


c Le comte Frédéric-Guillaume Finck de Finckenstein, fils aîné du feld-maréchal et frère du ministre de Cabinet de ce nom (t. III, p. 17, et t. VI, p. 170), naquit en 1702, et mourut au mois de mai 1741, des suites des blessures qu'il avait reçues à la bataille de Mollwitz. Il était colonel et adjudant général du Roi.
     Thomas Fitzgerald, capitaine dans la garde royale, avec le titre de lieutenant-colonel, périt également à Mollwitz.

d Voyez t. II, p. 83.

a Voyez t. II, p. 127-139.

b Voyez t. II, p. 137, t. III, p. 44. et ci-dessus, p. 91.