ÉPITRE X. AU GÉNÉRAL BREDOW.a SUR LA RÉPUTATION.
Bredow, l'homme est aux yeux d'un censeur équitable
Un être raisonneur plutôt que raisonnable :
Son esprit inquiet, vain, superficiel,
Embrasse l'apparence et manque le réel;
Sa faiblesse entrevoit, et son orgueil décide.
Est-il rien de plus faux et rien de plus stupide
Que la frivolité de tant de jugements,
Que ces décisions d'ineptes suffisants,
Que tant de tribunaux qui, sans règles ni titres,
Des réputations se rendent les arbitres?
C'est là que la sottise a d'ardents zélateurs;
J'ai vu, discret témoin de leurs propos moqueurs,
a Le général Asmus-Ehrentreich de Bredow passa l'hiver de 1750 à 1751 au château de Potsdam, dans la société de Frédéric. L'Épître qui lui est adressée fut probablement composée à cette époque, peu de temps après l'audience que le Roi donna au kan des Tartares le 27 juillet 1750. Voyez Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. LV, p. 642. Membre de l'Académie des sciences depuis 1752, M. de Bredow mourut à Halberstadt le 23 février 1756, dans sa soixante-troisième année; il était alors lieutenant-général d'infanterie et chevalier de l'Aigle noir. Voyez ci-dessus, p. 153, les deux vers du Roi à la louange de cet officier.