<143>En faveur de Thérèse outrer le fanatisme,
Détester Charles sept, Prussiens, Bavarois,
Et du Lorrain vaincu prôner les grands exploits.
O le plaisant projet de ce peuple caustique,
Qui reprend un héros sur l'art de la tactique,
Qui veut juger d'un camp, n'en ayant jamais vu,
Et dispose un combat sans avoir combattu!
Chacun, jusqu'au beau sexe, en ces graves matières
Croit pouvoir décider par ses propres lumières;
Devant son tribunal, ministres, généraux,
Et les rois agresseurs, et les rois leurs rivaux,
Reçoivent leur arrêt en moins d'une minute,
Et la navette en main, l'on juge de leur chute.
Dans cet aréopage on décide des noms,
On élève, on détruit les réputations;
La vertu, les talents, le sceptre, la tiare,
Il n'est rien qu'on épargne en ce siècle bizarre.
Ce digne protecteur des arts et des talents,
A qui la France a dû ses destins florissants,
Colbert, de l'industrie et le moteur et l'âme,
Souffrit après sa mort un traitement infâme.a
Louis, qui dans l'Europe étala sa grandeur,
Bienfaisant dans sa cour, terrible à l'Empereur,
Louis, que les travaux, les arts et la victoire
D'un pas toujours égal élevaient à la gloire,
Dès qu'une fois la mort retrancha ses destins,
Son tombeau fut couvert par des couplets malins,
Et le Français léger, enivré de folie,
Du plus grand de ses rois osa flétrir la vie.a
Bredow, tel est le peuple et l'idiot public,
Rien ne peut échapper à sa langue d'aspic;
C'est cet étrange oiseau, rempli d'yeux et d'oreilles,
De climats en climats publiant des merveilles,
Qui ne peut assouvir sa curiosité,
Qui confond le mensonge avec la vérité;b
a Voyez ci-dessus, p. 6.
a Voyez ci-dessus, p. 6.
b Confondre l'apparence avec la vérité. Molière, Tartuffe, acte I, scène VI.