ÉPITRE XI. A MA SŒUR DE SUÈDE.a
Quelle gloire en ce jour, ma sœur, vous environne!
Vos premiers pas en Suède, en approchant du trône,
Vous ont déjà conduite à l'immortalité.
Ce royaume autrefois si fier, si redouté,
Terreur du Danemark, fléau de la Russie,
Arbitre du Sarmate et maître en Germanie,
Était enfin réduit, à force de malheurs,
A la nécessité d'implorer ses vainqueurs;
Au milieu du sénat une guerre intestine
Lui déchirait le sein et comblait sa ruine;
La Discorde ordonnait, et le peuple animé
Tournait contre l'État son courage enflammé;
Tout paraissait perdu, l'Europe semblait dire :
Voici le dernier jour qui reste à votre empire.
Mais lorsque ce colosse oppresseur du Germain
S'incline vers sa chute et présage sa fin,
Une femme paraît : tout change, tout s'anime,
Le sénat généreux rompt le joug qui l'opprime,
La nation reprend des sentiments plus hauts,
Dignes du grand Gustave et de tous ses héros;
a Voyez t. VI, p. 250; et t. IX, p. X et 207.