<150>Foyers de mes aïeux, ô ma chère patrie!
O quel plus bel éloge et plus digne d'envie!
En respectant vos dons, on chante vos bienfaits;
Nos voisins sont heureux, nos peuples satisfaits,
On ne les entend point murmurer et se plaindre,
Ils savent nous aimer, et ne sauraient nous craindre.
De notre probité ces peuples convaincus
S'empressent d'ennoblir leur sang par nos vertus :
Combien viennent ici nous demander des femmes!
Le tendre dieu d'hymen, en embrasant leurs âmes,
Pour les encourager leur présente à la fois
Cinq exemples fameux des filles de nos rois :
Celles dont s'applaudit l'heureuse Franconie,16
Que le Wéser chérit,17 que l'Oder déifie,18
Vous, enfin, que l'envie admire en frémissant,
Vous, que vos ennemis estiment en tremblant,
Oui, vous, qui contraignez jusqu'au vice lui-même
A rendre hommage en vous aux vertus qu'il blasphème;
La vérité s'arrache à ces cœurs furieux,
Ainsi l'enfer connaît et déteste les dieux.
Si le simple mérite est digne qu'on l'admire.
Quand la beauté s'y joint, il en a plus d'empire :
Le stoïque Zénon, dans sa rigidité,
Aurait connu par vous le prix de la beauté,
Il eût été surpris de se trouver sensible.
Ah! malheur au mortel dont l'âme est inflexible!
La raison ne doit point détruire l'homme en nous,
Quand le cœur s'attendrit, l'esprit en est plus doux.
Oui, j'adore les dieux dans leur plus bel ouvrage,
Je vois dans vos attraits leur véritable image;
Cet hommage si pur et détaché des sens
Se doit, comme aux vertus, aux charmes, aux talents.
Mais tandis que je vois la Suède fortunée


16 Mesdames les margraves de Baireuth et d'Ansbach.

17 Madame la duchesse de Brunswic.

18 Madame la margrave de Schwedt.