<231>La phalange aux Thébains a dû son origine;
Miltiade, Cimon, sage Épaminondas,
Vous fîtes des héros de vos moindres soldats;
L'art suppléait au nombre, et l'audace aguerrie
De l'orgueil des Persans vengea votre patrie.
O jour de Salamine! ô jour de Marathon!
C'est vous qui de la Grèce éternisez le nom.
Regardez ce héros, ce roi de Macédoine :
Il donne à ses amis ses biens, son patrimoine,
Mais riche en espérance et fier de ses vertus,
Il fond sur les Persans, il défait Darius,
Il subjugue l'Asie, et sa forte phalange
Asservit le Granique, et l'Euphrate, et le Gange
Des bords de l'Orient le formidable Mars
Dans le sénat romain porta ses étendards;
Ce peuple de guerriers amoureux des alarmes
Apprit de ce dieu même à manier les armes;
Il combattit longtemps ses belliqueux voisins,
A le favoriser il força les destins,
Étrusques et Sabins, vaincus par sa vaillance,
Gouvernés par ses lois, accrurent sa puissance
Fière de ses exploits, l'aigle des légions
Prit un vol élevé vers d'autres régions;
Rome, de ses rivaux imitatrice heureuse,
Tournant contre eux leurs traits, en fut victorieuse;
Ses camps furent changés en d'invincibles forts.
Le Danube les vit, et trembla pour ses bords.
Rome ainsi triompha du Germain-de l'Ibère,
De ce peuple farouche, habitant d'Angleterre,
De tous les arts des Grecs, des fins Carthaginois,
Des défenseurs du Pont, des grands corps des Gaulois,
Et de tous les États qui composaient le monde
Mais cette discipline, en victoires féconde,
Qui les fit arriver au point de leur grandeur,a
Sous les derniers Césars n'était plus en vigueur.
Alors les Goths, les Huns, les vagabonds Gépides,


a De la grandeur. (Variante de l'édition in-4 de 1760, p. 363.)