<237>Tel que dans le printemps un nuage orageux
Gronde et vomit soudain de ses flancs ténébreux
Les éclairs menaçants, et la grêle, et la foudre,
Renverse les épis et les réduit en poudre :
Tels ces braves guerriers par des gerbes de feux
Terrassent l'ennemi, qui s'abat devant eux.
Si votre expérience est déjà consommée,
Vous saurez appuyer les flancs de votre armée;
Un bois, une rivière, un village, un marais,
Par leurs difficultés en défendent l'accès;
Votre ennemi confus respectera ces bornes.
Le taureau se confie en ses superbes cornes,
Il terrasse les ours, les lions, les chevaux;
Fièrement attentif à leurs brusques assauts,
Il marche dans l'arène, il s'élance, il s'arrête,
Il refuse les flancs et présente sa tête.
Gravez dans votre esprit ce principe important :
Qui cache sa faiblesse est un guerrier prudent.
Le héros d'Ilion, illustré par la Fable,
Achille, au talon près, était invulnérable;
Vous l'êtes sans vos flancs, donnez-leur un appui,
Ou vous pourrez par eux succomber comme lui.
Le sort peut relever vos faibles adversaires;
Si les événements vous deviennent contraires,
Si leur troupe grossit par des secours nombreux,
Quittez des champs ouverts les postes hasardeux;
Vous suppléerez au nombre, et par votre science
Vous choisirez des camps propres pour la défense :
Dans d'épaisses forêts, sur le sommet des monts,
Ou derrière un torrent placez vos bataillons.
Ce n'est pas encor tout; qu'une route inconnue
Pour sortir de ce poste ouvre une libre issue :
Alors, maître absolu de tous vos mouvements,
Vous enchaînez le sort et les événements;
L'ennemi que votre art a su rendre immobile
Consumera sans fruit son audace inutile.
Apprenez à présent comme il faut dans ces camps