<252>Au même instant que l'œil peut voir partir l'éclair,
Atteignit l'ennemi d'une masse de fer;
Dans les murs des cités le boulet formidable
Rend à coups redoublés la brèche praticable.
Ces miracles de l'art, à nos jours réservés,
Par le dieu des combats aux siéges approuvés,
Se font par le charbon, le soufre et le salpêtre.
Depuis que ce secret chez nous s'est fait connaître,
L'industrie inventive, abondante en secours,
Défendit les cités sans élever des tours;
Par des difficultés bien plus ingénieuses
On évita l'effet de ces foudres affreuses.
Vous, célèbre Vauban, favori du dieu Mars,
Vous, le sublime auteur des modernes remparts,
Que votre ombre apparaisse à nos guerriers novices.
Montrez-leur par quels soins et par quels artifices
Vous avez assuré les places des Français
Contre les bras germains et les canons anglais;
Comment votre savoir, par des routes nouvelles,
A su multiplier les défenses cruelles.
Ces ouvrages rasants, enterrés, protégés,
Ne sont des feux lointains jamais endommagés;
Munis de contre-forts à certaines distances,
Ils sont environnés par des fossés immenses :
Les bastions voisins flanquent les bastions,
Ils tournent vers leur gorge en forme d'orillons;
Au milieu des fossés et devant les courtines
Je vois des ravelins chargés de couleuvrines.
Ces ouvrages, coupés par sa savante main,
Par un nouveau rempart disputent le terrain :
Autour de ces travaux, dans un plus vaste espace.
L'enveloppe s'élève, elle couvre la place;
Devant sont des fossés, là le chemin couvert,
La palissade enfin qui montre un front altier,
Et ce glacis sanglant que défend le courage,
Théâtre des combats, théâtre du carnage.
Que d'utiles travaux, de secours étonnants