<254>L'airain vomit alors son redoutable foudre,
Bientôt les boulevards tombent réduits en poudre,
Le tonnerre des forts, qui s'élançait sur vous,
Est réduit au silence et respecte vos coups;
Dans son chemin couvert l'ennemi sans asile
Cède aux bonds d'un boulet qui de côté l'enfile.
Mais vous voilà placé sur ce glacis trompeur
Dont les volcans cachés impriment la terreur :
Dans ces perfides lieux servez-vous de la sonde,
Découvrez, éventez les mines à la ronde,
Craignez d'un sang trop vif le transport imprudent,
Ménagez vos soldats, hâtez-vous lentement.
Terminez avant tout la guerre souterraine;
Que le mineur caché fouille et perce avec peine,
Que la sape en avant, par des chemins précis.
Vous mène en sûreté sur le pied du glacis;
Pour ne point hasarder l'honneur d'une brigade,
Commandez vos assauts près de la palissade.
Alors, maître absolu de ce sanglant terrain,
Qu'on y mène d'abord ces tonnerres d'airain;
Par leurs coups redoublés les murailles s'éboulent,
A l'aide du sapeur les boulevards s'écroulent,
On comble les fossés à force de travaux,
Et les assauts cruels succèdent aux assauts;
Souvent dans ces combats les guerriers pleins d'audace,
Poursuivant les fuyards, ont emporté la place.
Ainsi, par un effort avec art dirigé,
L'impétueux Français, au combat engagé,
Au pouvoir de Louis fit tomber Valencienne.
Observez le soldat, il faut qu'on le retienne,
Les tigres, les lions sont plus humains que lui
Quand il suit furieux le soldat qui l'a fui;
Si vous ne gouvernez sa cruauté mutine,
Avide de pillage, ardent, sans discipline,
Porté par ses fureurs au comble des excès,
Vous le verrez souillé de meurtres, de forfaits.
Tout général cruel qui pille, qui ravage,