<262>Dans ces chastes plaisirs, dans cette jouissance,
Compagne du devoir et de la tempérance,
Son corps robuste et sain n'est jamais abattu,
Son amour innocent anime sa vertu;
On le verra bientôt, plein d'une ardeur nouvelle,
Accourir dans ces champs où la gloire l'appelle.
Avant que les hivers finissent leurs rigueurs,
Avant le doux retour de la saison des fleurs,
Aux postes avancés les généraux s'empressent,
Ils forment leurs projets, les camps se reconnaissent,
Les élèves d'Euclide arpentent les terrains,
Pour assemblera les corps désignent les chemins.
Le chef, toujours actif, veille sur leur ouvrage,
Il en donne le plan, il en sait l'avantage;
S'il pense à l'avenir, il n'est pas moins prudent
A pourvoir aux besoins qu'exige le présent.
La mère des succès, la sage méfiance,b
Dans ses travaux divers soutient sa vigilance,
Elle vient l'éveiller au moment qu'il s'endort,
A ses sens fatigués donne un nouvel essor;
Souvent elle lui dit : Craignez votre adversaire,
Pesez tout ce qu'il fait et tout ce qu'il peut faire,
Ayez chez l'ennemi, dans ses camps, en tous lieux,
Autour du général, des oreilles, des yeux
Qui l'observent partout, qui percent ses mystères,
Qui sachent ses desseins, ses projets militaires,
Et n'épargnez jamais pour des avis certains
Ce métal corrupteur qui séduit les humains.
Jugez en étranger de vos plans, de vous-même,
A vos arrangements donnez un soin extrême;
Croyez-vous vos quartiers en pleine sûreté?
Sur ces monts fondez-vous votre sécurité?
Croyez-vous que le corps qui tient cette rivière,
Qui, défendant son bord, garde votre frontière,
a Pour rassembler. (Variante de l'édition in-4 de 1760, p. 421.)
b Voyez t. III, p. 171.