CHANT VI.
Le dieu de la victoire a daigné par ma voix
Enseigner de son art les rigoureuses lois;
Du métier des héros on a vu l'origine,
Le choix des campements, l'ordre, la discipline,
Comment un chef habile assure ses quartiers,
Et brise les remparts sous ses coups meurtriers.
Par de plus grands objets terminons cet ouvrage,
Des batailles traçons la redoutable image,
Montrons sur cette mer si prompte à s'irriter
Les dangers, les écueils, l'art de les éviter :
Je vous guide au combat, troupe illustre et guerrière.
Voilà ce champ fameux, voilà cette carrière
Où tant de généraux ont trop tôt succombé,
Où Guillaume bronchait, où Marsin est tombé,
Où d'autres, essoufflés, sans force et sans ressource,
N'atteignirent jamais le terme de leur course.
Là s'abattit Pompée, ici finit Pyrrhus,
Là périt Annibal, Mithridate, Crassus;
Des vestiges sanglants de leurs funestes pertes,
De leurs tristes débris les plaines sont couvertes.
Mais dans ces mêmes champs, courant avec plus d'art,
On a vu triompher Alexandre, César,
L'impétueux Condé, le sublime Turenne,
Gustave, Luxembourg, Villars, Maurice, Eugène.