<271>Redoute des vainqueurs les attaques cruelles;
Cent tonnerres d'airain élancent le trépas,
Les corps victorieux s'avancent à grands pas,
Sur leur front menaçant brille la baïonnette;
L'ennemi consterné médite sa retraite,
Des bataillons altiers l'attaquent dans le flanc,
Il craint, il cède, il fuit, la terre boit son sang.
Des tubes meurtriers part la poudre enflammée,
Ils lancent le trépas sur la troupe alarmée
Qui s'enfuit dans les champs, en pelotons épars,
Sans ordre, sans conseil, sans chef, sans étendards.
Loin de calmer la peur qu'aux vaincus il inspire,
Loin de faire un pont d'or au chef qui se retire,
Le parti triomphant saisit l'occasion;
Il poursuit chaudement le gain de l'action,
Il veut en ce jour même achever son ouvrage.
Ainsi le grand Eugène, à ce fameux village27
Où Tallard et Marsin s'étaient très-mal postés,
D'un effort général donna de tous côtés;
Il enfonça leur centre, il coupa leur armée,
Blenheim vit des Français l'audace désarmée;
Quel nombre de captifs sur ce sanglant terrain!
L'ennemi des Césars fuit jusqu'au bord du Rhin.
Ainsi, près d'Almanza quand les Lis triomphèrent,
Que les lions bretons à leurs efforts cédèrent,
Au trône de Castille, au trône d'Aragon
Berwick, par ses exploits, plaça l'heureux Bourbon.
Voici d'autres combats : là, sur cette colline
Dont le sommet au longa sur la plaine domine,
Voyez-vous étendus ces bataillons altiers?
La poussière de loin s'élève dans les airs,
L'ennemi marche, il vient, il se forme, il se range,
Il place sur un front sa puissante phalange;
Son terrain se refuse aux efforts des coursiers,
Derrière sa bataille il met ses cuirassiers.
27 Höchstädt.
a Au loin. (Variante de l'édition in-4 de 1760, p. 438.)