<297>Des objets inconnus à notre poésie;
Je veux armer vos fronts de panaches flottants;star3
Ma main ne peindra point les transports des amants,
Les soupirsb des Amours, leurs larcins, leurs caresses,
Ni des cœurs des héros les indignes faiblesses.
Que le chantre du Pont, inspiré par Vénus,
Dessinec les Amours, qui, folâtrant tout nus,
Rendent à leurs désirs les trois Grâces sensibles :
Je ne vous offrirai que des objets terribles,d
Vulcain, qui, sous l'Etna, par ses brûlants travaux,
Gouvernez de ma voix la sauvage rudesse,
Rendez d'un vieux soldat les chants mélodieux,
Accordez ma trompette au luth harmonieux.
J'entreprends de placer, par une heureuse audace,
Le dieu de la victoire au sommet du Parnasse,
Je veux armer vos fronts de casques menaçants;
Ma main ne peindra point les transports des amants,
Leurs peines, leurs plaisirs, leurs larcins, leurs caresses,
Ni des cœurs des héros les indignes faiblesses.
Que le chantre du Pont, dans ses douces erreurs.
Vante le dieu charmant qui causa ses malheurs,
Qu'à ses flatteurs accents les Grâces soient sensibles :
Je ne vous offrirai que des objets terribles,
Vulcain, qui, sous l'Etna, par ses brûlants travaux.
Ces foudres redoutés cuire des mains habiles,
Qui renversent les murs, qui détruisent les villes;
Qui, décidant du sort dans l'horreur des combats
b Les soupirs. Une main ne peint point des soupirs; cela est très-aisé à corriger. De plus, ce ne sont pas les Amours qui soupirent.
c Comme Ovide n'a jamais dit, ni lui ni personne, que les Amours aient couché avec les Grâces, je ne crois pas qu'on lui doive imputer ce maquerellage, tout joli qu'il est. De plus, tout nus ne paraît pas assez noble ici, et semble être du style de La Fontaine :
Que le chantre du Pont, dans ses douces erreurs,
Peigne le dieu charmant qui causa ses malheurs,
Qu'à ses flatteurs accents les Grâces soient sensibles.
d Des objets terribles annonce une énumération d'objets, et vous ne parlez que de Vulcain qui forge des foudres.
+++ Au-dessus de la fin du vers : « Je veux armer, etc., » Voltaire avait écrit : « J'aimerais mieux de casques menaçants. »
a On attend quelque chose après ces foudres, qui ne sont pas les seuls objets de la guerre, et ce quelque chose manque à la phrase.