ODE IX (X). AU COMTE DE BRÜHL.a IL NE FAUT PAS S'INQUIÉTER DE L'AVENIR.
Esclave malheureux de ta haute fortune,D'un roi trop indolent souverain absolu,
Surchargé des travaux dont le soin t'importune,
Brühl, quitte des grandeurs l'embarras superflu.
Au sein de ton opulence
Je vois le dieu des ennuis,
Et dans ta magnificence
Le repos fuit de tes nuits.
Descends de ce palais dont le superbe faîte
Domine sur la Saxe, en s'élevant aux cieux,
D'où ton esprit craintif conjure la tempête
Que soulève à la cour un peuple d'envieux;
Vois cette grandeur fragile,
Et cesse enfin d'admirer
L'éclat pompeux d'une ville
Où tout feint de t'adorer.
a Au-dessous des mots « Au comte de Brühl, » on lit dans l'édition in-4 de 1760, p. 63 : « Imitation d'Horace. » (Liv. III, ode 29.)