<6>Ton poignard, qui frappe la gloire,
Fait ressusciter les héros;
Plus d'un guerrier dut sa victoire
Aux aiguillons de ses rivaux;
Et s'il franchit tous les obstacles,
Son nom, après tant de miracles,
Sert d'antidote à tes venins;
En t'acharnant aux noms célèbres,
Leur grand éclat, dans tes ténèbres,
En éblouit plus les humains.
Je ne crains donc plus les reproches
D'avoir souffert de ton courroux,
Quand tous les traits que tu décoches
Sur la vertu portent leurs coups.
En vain l'on s'oppose à ta ruse,
Minerve, en s'armant de Méduse,
Ne saurait te pétrifier;
Du temps seul l'heureux bénéfice
Peut, en découvrant ta malice,
Au grand jour nous justifier.
Et vous, ses nourrissons perfides
Par le monstre même allaités,
Vous, dont les langues parricides
Ont sucé ses méchancetés,
Confondez votre voix profane,
De l'imposture infâme organe,
A ses farouches hurlements;
Battez plutôt les flots de l'onde :
De ma tranquillité profonde
Rien n'ébranle les fondements.
Tandis qu'en nos jardins éclose,
Et voltigeant de fleurs en fleurs,
De son nectar, qu'elle compose,
L'abeille amasse les douceurs,