<60>Voulez-vous en effet paraître au-dessus d'eux,
Montrez-vous plus humain, plus doux, plus vertueux.
Tels ont été les grands dont l'immortelle gloire
Se grave en lettres d'or au temple de Mémoire;
Leur âme juste et pure, et surtout leur bonté,
Ennoblit à mes yeux la faible humanité;
Mon cœur, en les nommant, est ému de tendresse,
On fait en leur faveur grâce à toute l'espèce,
Pères de leurs sujets, délices des humains,
Leur nom devient le nom des meilleurs souverains.
Il est un monstre affreux né de la perfidie,
Cruel dans ses excès et calme en sa furie;
Son visage hideux se cache sous le fard,
Son souffle est venimeux, sa langue est un poignard.
La trahison l'arma de ses noirs artifices,
Il fut par Tisiphone endurci dans les vices,
Il respire le meurtre, il blesse en caressant,
Il défend le coupable, il poursuit l'innocent,
De ses traits empestés l'atteinte est incurable :
L'affreuse Calomnie est son nom redoutable.a
Craignez d'être surpris par ce monstre trompeur,
Fuyez de ses complots la cruelle noirceur,
Penchez vers l'accusé, tâchez de le défendre,
Et ne jugez personne avant que de l'entendre.
Si vous voulez pour l'âge amasser un trésor
Plus cher, plus précieux que les bijoux et l'or,
Dévouez vos beaux jours dès votre adolescence
Aux arts ingénieux, à l'auguste science :
C'est l'école où se forme et le cœur et l'esprit.
La sagesse est le lait dont l'âme se nourrit,
L'erreur est son poison, l'antidote est l'étude :
D'un si noble travail contractez l'habitude.
L'étude embrasse tout, tant elle a de grandeur,
L'air, la terre, la mer, le ciel et son auteur,
Les desseins du Très-Haut, ses ouvrages immenses.a


a Voyez ci-dessus, p. 3.

a Voyez t. IX, p. 104, 180 et 181.