<X>Lorsque Voltaire arriva à Potsdam, le 10 juillet 1750, le Roi lui présenta ses poésies, et mit à profit les critiques du poëte pour une nouvelle édition de l'Art de la guerre et du volume qui jusqu'alors avait formé le t. II des Œuvres du Philosophe de Sans-Souci. Cette nouvelle édition parut sous le titre de Œuvres du Philosophe de Sans-Souci, t. I, 1752, quatre cent seize pages in-4. Elle ne porte pas sur le titre, comme l'édition précédente, les mots : Au donjon du château. Avec privilége d'Apollon. Elle contient, outre la Préface en vers, dix Odes, dont deux nouvelles, savoir, celles qui sont adressées à Brühl et à Voltaire; vingt Épîtres (celles qui portent les noms de Gotter, de Maupertuis, de Bredow et de Keith sont nouvelles); enfin, l'Art de la guerre. Ainsi l'ancien tome I fut oublié, et avec lui le Palladion. Quant au t. III, il n'y en eut pas de nouvelle édition.
Toute cette collection publiée par l'Auteur, ornée de vignettes de George-Frédéric Schmidt, et destinée uniquement aux amis du Roi, avait été tirée à peu d'exemplaires et devait demeurer secrète, parce que Frédéric s'y était exprimé sans scrupule et sans réserve sur les personnes et les choses; Darget, Algarotti, Voltaire et Maupertuis rendirent chacun leur exemplaire à leur départ.
Malgré ces précautions, une contrefaçon fut imprimée à Paris au mois de janvier 1760, sous la rubrique de Potsdam et le titre de Œuvres du Philosophe de Sans-Souci, un volume in-12. Elle contient les Odes, les Épîtres et l'Art de la guerre, avec tous les passages satiriques qui se rapportent à de grands personnages politiques, sans en excepter même les traits dirigés contre George II, roi d'Angleterre, dont Frédéric, alors dans une situation critique, se trouvait être l'allié. Cette édition fut mise à l'index par le pape Clément XIII, le 12 mars 1760.
Le Roi se vit donc forcé de désavouer la contrefaçon française comme falsifiée, et il le fit au moyen de son Avis du libraire. L'édition qu'il prépara sur-le-champ pour le public parut le 9 avril de la même année, sous le titre de Poésies diverses. A Berlin, chez Chrétien-Frédéric Voss, 1760, trois cent quarante-six pages grand in-8. Quelques mois plus tard, il en publia, sous le même titre et chez le même libraire, une réimpression plus correcte en quatre cent quarante-quatre pages in-4. Les passages satiriques y sont omis ou changés,