<183>Doit recevoir, hors de la catacombe,
Un bel étui, puis le baptisera.
Bientôt après, des miracles fera;
Et son idole, ayant partout sa niche,
A l'entour d'elle à deux genoux verra
Le scélérat, l'imbécile et le riche.
Dans les bons jours sa fête on chômera .....
Mais revenons enfin à ma harangue.
Mes chers enfants, si je déclame mal,
Prenez-vous-en à ma pesante langue;
Si m'entendez, c'est là le principal.
Or, écoutez : dans ce séjour royal,
Où dès longtemps je fais ma résidence,
J'ai seul versé dessus l'humaine engeance
Également et les biens, et les maux,
Que j'ai puisés de ces deux grands tonneaux.
Si le destin parfois me contrecarre,
Et me prétend asservir sous sa loi,
Je le retiens, mon pouvoir le rembarre,
Et lui fais voir que je suis seul le Roi.
Mais vous, mes saints, mes fils, mes chers apôtres,
Que j'avais crus plus sages que les autres,
Au paradis, devant moi, sous mes yeux,
Vous élevez vos fronts séditieux;
Selon qu'en dit à chacun sa faconde,
Chacun de vous veut gouverner le monde.
Dites, pourquoi suis-je donc dans les cieux?
Hier, regardant par ma longue lunette,
Je vis, dessus la petite planète,
Deux nations, fort s'entre-chicotant,
Un grain de sable entre elles disputant;
Et vous voilà d'abord en mouvement.
Aucun de vous entre soi ne s'accorde,
On prend parti, chacun prétend briguer,
De son côté ne tirant qu'à sa corde,
L'œil égaré, soufflé par la discorde,
Se mêle ici de nuire ou protéger;