<187>Mais votre amour remplit seul tout leur cœur.
Les Prussiens composent ma famille,
Et leurs rois sont mes plus purs rejetons.
Ne souffrez pas qu'un vil saint les étrille,
Couvrez-les tous dessous vos ailerons;
A vous, seigneur, Hédewige se voue. »
En même temps elle vous l'amadoue;
Onc on ne vit, avec tant de splendeur,
Corps féminin si souple et si flatteur.
Le bon papa sent son âme attendrie :
« Vous le voulez, je dois vous exaucer;
Un léopard de la fière Hyrcanie
N'aurait le cœur d'oser vous refuser, »
Dit-il. De loin, bonne dame Marie,
S'impatientant, pleine de jalousie,
De ce discours eût voulu se mêler.
Chacun le voit; le Roi lui dit : « Ma mie,
Vous aimerais bien plus, si de l'envie,
Lorsqu'il me plaît à saintes de parler,
Vous ne sentiez si souvent la furie;
Il est besoin d'apprendre à vous calmer. »
Alors, parlant à sainte Geneviève,
Il dit : « Prenez mon redoutable glaive,
Dont autrefois, par mes décrets divins,
L'ange vengeur défit les Philistins,
Et secondez l'effort des Prussiens;
Ce sont les fils de ma charmante fille.
Chère Hédewige, ordonnez aux destins,
Et confondant les fiers Autrichiens,
Comblez d'honneur votre heureuse famille. »
Ces derniers mots, qu'il dit à haute voix,
Font tressaillir et les cieux, et la terre;
Et ces accents, plus forts que le tonnerre,
Mettent les saints confus en désarroi.
L'ange leur dit : « Le Roi vous congédie.
Que chaque saint, vaquant à ses emplois,
Aille à présent régir sa monarchie. »