<203>Il vint d'abord dans une immense voûte,
Il n'avança qu'aux tremblantes lueurs
De deux lampions; il suit ses conducteurs;
Sous le rocher une profonde route
L'amène enfin au gîte des voleurs.
On y respire une vapeur impure;
Par un hasard, la bizarre nature
Semble avoir fait ce lieu rempli d'horreurs,
Pour recéler ces cruels détrousseurs.
Là, presque au bout, il entre en une grotte.
Franquin le suit, il dit : Qu'on le décrotte.
En s'empressant, deux rustiques beautés,
Portant un seau chacune à leurs côtés,
Prennent Darget; on le lave, on le panse,
On le parfume, on le frotte d'essence.
Qu'on me l'habille, ajouta le Franquin.
On court, on vient, maîtresse, concubine;
L'on va fouiller dans la cave au butin.
L'une lui donne une chemise fine,
Dont la cravate est de point de maline,
Et qu'on pilla sur quelque Prussien;
L'autre lui chausse un petit escarpin,
Fait pour un pied plus mignon que le sien;
Une autre encor sur ses épaules charge
Un bel habit et trop long, et trop large,
Que Franquin prit dans la guerre du Rhin;
Pour finir l'œuvre, on offusque sa face
En le couvrant d'un feutre à large audace.
Franquin lui dit : « Mangeons, j'ai soif, j'ai faim;
Canailles, que l'on serve le festin. »
Alors on voit des soi-disantes vierges
Dresser la table et la charger de cierges
Que quelque autel avait contribués,
Ou que Franquin s'était attribués.
On étala la vaisselle polie
Que ce pandour au marquis enleva.
Darget lui dit : « Cette vaisselle unie