<220>Qui ne se croit, sous le pouvoir royal,
Libre qu'autant qu'on souffre sa manie.
Ce peuple triste a certain spleen fatal;
On se pend là comme ailleurs on va boire,
Et chaque jour fournit pareille histoire.
Féroces sont encor toutes leurs mœurs;
Pas ne voudraient qu'un seul de leurs auteurs
Ne fît jouer pièces sur leurs théâtres
Sans massacrer jusqu'aux moindres acteurs.
Mais plus encore ils sont acariâtres
Dans le combat de leurs gladiateurs;
A demi-nus je les ai vus combattre,
S'entre-frappant, et, de leurs bras nerveux,
Tantôt parant, et s'escrimant tous deux,
Se faire entre eux de mortelles blessures.
Épargnez-moi ces affreuses peintures;
Bien mieux il vaut, Franquin, vous raconter
Comme là-bas j'ai vu de grandes fêtes.
Tout Londre entier y vient presque assister,
Sur un grand pré l'on ne voit que des têtes.
De leurs haras les plus légers chevaux,
Pour disputer de vitesse à la course,
Par trois fois font le tour de cet enclos.
Pour qui croyez que le prix se débourse?
Ne pensez point que c'est pour le cheval
Qui l'a gagné, comme il vous doit paraître;
Mais par arrêt, par un procès-verbal,
On vous l'adjuge au fainéant de maître.
Je fus bientôt connu chez les Bretons;
On me mena dans les bonnes maisons,
Et quelquefois aussi dans les mauvaises,
Pour jeunes gens dangereuses fournaises.
Le tendre amour, qu'on ne peut amortir,
S'y voit suivi d'un triste repentir;
L'on paye cher ces moments de faiblesses.
Il est à Londre un grand nombre d'abbesses,
Entretenant des vestales de nom,