<222>Je crus avoir terminé ses destins.
Le peuple accourt, il crie, il bat des mains.
Craignant pour moi dans ce danger extrême,
Je résolus de partir la nuit même.
Sur un vaisseau j'arrive en Portugal;
J'y vis du Roi le palais monacal.
Ce prince obtint de Rome, par souplesse,
Le rare honneur d'oser chanter la messe;
L'esprit porté pour le pontifical,
Il n'a jamais, de mains voluptueuses,
Pu caresser que des religieuses.
Le cacaporc est le sceptre du Roi,
En Portugal lui seul donne la loi;
Rustres, bourgeois, prêtres, noble, ministre,
Tout sent les coups du cacaporc sinistre.
J'allai pour voir un grand couvent qu'il fit;
Des capucins il recherchait l'espèce,
Gens en effet qui méritent crédit,
Et pour lesquels il brûlait de tendresse.
De m'encloîtrer alors quelqu'un m'offrit;
Bien loin de moi je rejetai son offre.
Quoi! voulez-vous, disais-je, qu'on m'encoffre?
Bref, pour peupler ce grand couvent maudit,
Cent grenadiers par force l'on choisit,
Qui, sous le froc nasillant à matines,
A contre-cœur frappent des disciplines.
Pour moi, craignant qu'un jour en ce moutier
Bien malgré moi l'on me fît nasiller,
Je prends le large, et, bien joyeux, je gagne
Dans quelques jours les limites d'Espagne.
Là je me crus à l'abri des malheurs;
Mais le destin contre lequel je lutte
Jusqu'à présent toujours me persécute.
Amour fatal, je sentis ton pouvoir :
Pour mes péchés, une beauté céleste,
Jeune nonnain, dans un couvent, modeste,
Un beau matin m'apparut au parloir;