<224>Imaginez l'ardeur voluptueuse
Dont je jouis de ma religieuse.
L'amour brûlant, un plaisir défendu,
Tout conspirait à soutenir ma flamme;
Au sanctuaire, à la fin, parvenu,
Cette nonnain se convertit en femme.
Mais, justes dieux! quels furent mes forfaits!
J'abhorre encor ma noire ingratitude.
Sœur Amidon, que ce léger prélude
Vous a coûté de douloureux regrets!
Je suis confus, seigneur, lorsque j'y pense;
Oui, de Vesta la sévère vengeance
Devint le lot de ses divins attraits.
De cette nuit mon âme satisfaite
Avant le jour méditait la retraite;
Tendres adieux et doux embrassements!
Nous ajustons, comme font les amants,
Pour nous revoir, tous les arrangements.
Je pars enfin; mon échelle se casse,
Je dégringole avec un bruit affreux,
Et tout mon sang dans mes veines se glace.
Lors, du couvent sort un concours nombreux :
Quel est ce bruit? et qu'est-ce qui se passe?
Disaient les sœurs, en jetant de grands cris.
Comme il se fait la nuit un grand vacarme,
Que le berger de bâtons fourchus s'arme,
Quand le loup vient au milieu des brebis;
Colin s'éveille, et, sortant de son gîte,
Dessus le loup, qui promptement s'enfuit,
De grands cailloux fait voler au plus vite,
Avec son chien par le bois le poursuit,
Et, s'il l'atteint, sous ses coups le réduit :
Ainsi, couché, sans voix et sans haleine,
Dans un moment le couvent m'entoura;
Dieu sait comment alors m'apostropha.
Une nonnain disait : Ah! le voilà.
Quel sacrilége! ah! quelle âme vilaine!