<246>Ma paupière était appesantie,
Mon hôte vit à quel point j'étais las.
Ces bonnes gens m'aimaient à la folie;
Au vestibule aussitôt ils se rendent,
Sur le plancher des peaux de bœuf s'étendent;
L'hôte me prend, il me mena coucher.
A mes côtés vint se mettre sa fille;
Elle était jeune, elle sut me toucher,
J'étais friand, la belle était gentille;
Si bien pour nous se passa cette nuit,
Que nos plaisirs le jour interrompit.
Dès le moment que l'aube du jour perce,
Chez mon Tartare allant de bon matin,
Je lui demande où passe le chemin
Qui de chez lui mène tout droit en Perse.
Il me répond : Généreux étranger,
Si votre plan ne voulez pas changer,
Sans vous tenir un trop long dialogue,
Je vais d'abord vous seller ce grand dogue.
Sur ce chemin il me porta cent fois;
C'est, croyez-moi, la fleur des palefrois.
Nommez à Froux simplement à l'oreille
Quel est l'endroit où vous voulez aller,
Montez dessus, il vous mène à merveille,
N'avez de rien besoin de vous mêler.
Il dit; d'abord, ce bon hôte j'embrasse,
Et puis, prenant un sabre, une besace,
Sur le grand Froux je monte hardiment,
Et pour Agra je partis promptement.
Chemin faisant, aux limites de Perse,
Je rencontrai, monté sur un grand chien,
Un vieux Tartare allant faire commerce,
Qui me parut porter beaucoup de bien.
Sur lui je gagne adroitement la gauche,
En badinant, la tête je lui fauche.
Assez longtemps il se soutint encor,
Bien asserré, tout droit, dessus la selle;