<247>Mais remarquant enfin qu'il était mort,
Sa chute alors n'en devint que plus belle.
Je me prépare à prendre son argent;
Mais son grand chien, bien s'en apercevant,
Se fâche, aboie, et me saute au visage.
Froux me défend; ce chien, plein de courage,
Sur l'autre chien s'élance promptement.
Je le soutiens, et tirant ma flamberge,
A l'autre dogue en donnant du fendant,
Autour du cou je lui fais un exergue. »
- « Ah! juste Dieu! cria le bon Darget,
Votre âme est-elle à ce point dure et rude?
Peut-on pousser si loin l'ingratitude?
De ce pays où tout bien vous échet,
Vous avez pu massacrer un Tartare!
Ah! bien plus qu'eux votre cœur est barbare. »
- « Tais-toi, benêt, lui répondit Franquin;
De son argent j'avais alors besoin.
Il me servit à faire mon voyage,
Et j'arrivai trois jours après au camp,
Où, produisant mon rare personnage,
Je fus reçu de Thamas-Chouli-Kan.
Chez le Mogol il faisait lors la guerre,
Et j'eus l'honneur de le suivre aux combats;
Son camp semblait couvrir toute la terre,
On y comptait un million de soldats.
De Zoroastre on y suivait le culte,
Et j'embrassai sa foi sombre et occulte,
Car j'ai connu qu'un homme bien prudent,
Dans quelques lieux qu'il se fasse connaître,
Doit recevoir, sans en faire semblant,
Avec la foi, le culte de son maître.
Assez souvent cela m'est arrivé;
Toutes les fois je m'en suis bien trouvé.
Bientôt Thamas fait marcher son armée;
Vers le Mogol vola sa renommée,
Et de ses tours la craintive Delhi