<249>Quand de Thamas la magnanimité
Finit le meurtre et la calamité.
De mon butin ne voulus rendre compte,
Pour le garder je devins déserteur;
Et me sauvant par une fuite prompte,
Bientôt je fus auprès du Grand Seigneur;
Il a le nom des Persans en horreur.
Dans les sérails j'eus l'art de m'introduire.
Des faits pareils souvent avez pu lire
Dans les récits, contes des voyageurs,
Sur leurs amours impertinents menteurs.
Lors s'embrasa du côté de l'Hongrie
Tout de nouveau la guerre avec furie.
De guet-apens l'empereur Charles six
Vint attaquer mes maîtres circoncis.
J'aimais le bruit, le péril, les alarmes,
Pour Mahomet j'osai porter les armes;
J'ai signalé plus d'une fois mon bras,
Et j'ai brillé dans l'horreur des combats.
En attaquant parmi les janissaires,
J'eus des succès devant Mehadia;
Puis, éprouvant des destins tout contraires,
L'Autrichien me prit à Cornia.
Fallut encor devenir apostat;
Je recourus à la Vierge Marie.
Signe de croix et quelque momerie,
Et me voilà devenu bon chrétien,
Mais pis encor, très-bon Autrichien. »
Il n'eut pas dit, que son cheval, qui bronche,
Dans une ornière, en tombant, vous le jonche,
Et dans sa chute il entraîna Darget.
Les plus voisins par-dessus lui tombèrent,
Tous pêle-mêle en pile s'entassèrent;
Hommes, chevaux, l'un l'autre se froissèrent;
Et, dessous eux, Franquin presque étouffait,
Se débattait, pestait et blasphémait.
Il était tard, aucun plus ne voyait.