<258>Répond le duc. Ils disaient des sottises,
Se reprochaient leurs vieilles couardises,
Quand à propos le vieux Wallis vint là,
Accompagné du bouffon de Spada.
« Héros, dit-il, suspendez vos querelles;
Sur l'ennemi si voulez réussir,
Point ne perdez le temps en bagatelles,
Il faut marcher, tout disposer, agir.
Ah! si j'avais comme dans ma jeunesse
Cette vigueur, hélas! que je n'ai plus,
Même en dépit de vous, de ma vieillesse,
Ces ennemis par moi seraient battus.
Que j'étais leste, agile, en Italie!
Par cent exploits j'y signalai mon bras;
De mes grands faits la terre était remplie.
Le sexe alors ne me haïssait pas,
Les verts galants me portaient tous envie. »
Le fou Spada, que ce discours ennuie,
Dit : « Haranguez en dépit du bon sens;
Tous vos propos, seigneur, ne valent guère;
Je crois ouïr les grands héros d'Homère,
Tous radoteurs et longuement parlants. »
Lors justement, pour leur malheur, arrive
Le fier Waldeck, ce grand blasphémateur,
Et la dispute en devint bien plus vive;
De ce combat il prétend seul l'honneur.
A ses côtés, un fantôme illusoire,
Tenant en main palmes de la victoire,
Excite encor sa guerrière ardeur;
Le vain Orgueil, le Mépris, la Fureur,
L'accompagnaient, et lui faisaient accroire
Qu'il pourra seul moissonner, en ce jour,
Ces champs fameux consacrés à la gloire,
En imitant Eugène ou Luxembourg.
Pendant le temps que ces chefs se disputent,
Très-aigrement sur leurs hauts faits discutent,
Les Prussiens, d'abord se déployant,