<259>Tous en bataille arrivent fièrement.
Leur droite avance, et, d'un essor rapide,
Fond promptement sur la troupe timide
De ces sucrés et doucereux Saxons.
Ces bonnes gens un moment se défendent,
Mais l'ennemi de trop près ils n'attendent,
Et de la peur ressentant les frissons,
Très-poliment ils quittèrent la place,
Aux ennemis ils tournèrent la face,
Montrant le cul à leurs cruels rivaux,
Et leur criant : Nous ne sommes brutaux!
On leur répond : « Fuyez de cette plaine,
Courez, courez en Saxe, grands héros;
Allez pétrir, vernir de porcelaine,
Pour vos desserts, pagodes et magots. »
En même temps, de ce champ de bataille
On poursuivit vivement ces fuyards,
Et sur leur dos l'on sabre, l'on ferraille,
Jusqu'à l'instant qu'ils furent tous épars.
Le dur Franquin vola sur le bagage,
En moins de rien il y fait grand ravage;
Il se saisit de quatre grands fourgons,
Tous bien remplis de bon vin de Champagne.
Il ouvre, il dit : « Mes chers amis, buvons;
Que le bonheur nos armes accompagne. »
Tous ses pandours étaient éparpillés,
Les Charlots par eux étaient pillés.
Lorsque Dumont aperçoit ce pillage,
De ces pandours il fait un grand carnage.
Le dur Franquin, sans monde et sans secours,
Ne défendait que faiblement ses jours;
Au preux Dumont il jetait aux oreilles
De ce vin bu quelques vides bouteilles;
Mais le combat devenant sérieux,
Il s'escrimait, et, comme un Polyphême,
Se défendait à grands coups de moyeux.
Même il était dans un péril extrême.