ÉPITRE V. A JORDAN.a
Flore aux abois, faisant place à Pomone,
De nos jardins s'enfuit avec le temps;
L'été nous quitte, et les vents de l'automne
Fanent les fleurs et dessèchent les champs;
L'astre du jour, faible, tremblant et pâle,
D'un feu moins vif réchauffe ce canton;
De son palais l'aurore matinale
Déjà plus tard paraît sur l'horizon.
Colin, Lycas, transportés d'allégresse,
De nos guérets rapportent les moissons,
Et les transports de leur bruyante ivresse
Font retentir l'écho de leurs chansons;
La liberté, l'amour, l'indépendance.
Versent sur eux plus de félicités
Et de vrais biens qu'en fournit l'abondance
Dans le vain luxe et l'orgueil des cités.
Ils pensent peu, leur estomac digère
Sans se douter qu'ils ont un mésentère;
Leur exercice et leur sobriété
Leur sont garants d'une bonne santé;
a Voyez t. VII, p. 3-10.