<261>Vole accabler de sa masse pesante
Et de sa course agile et violente
Ces cuirassiers des fiers Autrichiens.
Dans un clin d'œil leurs coursiers les atteignent,
Et de leur fer dans l'instant ils les joignent;
Pour un moment l'on entend un bruit sourd,
Un choc affreux, le cliquetis des armes,
Des cris confus de fureurs et d'alarmes,
Et la poussière en obscurcit le jour.
Comme l'on fait crouler une muraille
En l'abattant par d'énormes béliers,
Ainsi Nassau contre ces cuirassiers
Choque de front, frappe dans la bataille,
Perce, pourfend, sabre, taille, ferraille,
Et les culbute, ainsi que leurs coursiers.
Devant ses coups tout tombe ou prend la fuite,
Il les abat, son bras les précipite;
Ils sont foulés sous les pieds des chevaux,
Leur sang s'écoule, et serpente en ruisseaux.
Là, d'un côté fuit un cheval qui traîne
Par l'étrier son maître sur l'arène,
Dans les arçons; d'autres, tout chancelants,
Tombent, percés des coups des poursuivants.
En l'air volaient et des bras, et des têtes;
Du bon Lorrain les troupes sont défaites.
L'heureux Nassau chasse tous ces fuyards,
Dans les combats sa main était experte;
Hommes, chevaux sont tués sans égards,
La terre fut de cadavres couverte.
Saint Népomuc apprend ce grand combat,
Il vient, il voit sa troupe mutilée;
Il prend tout l'air du dévot Kolowrat;
Même il s'avance au sein de la mêlée,
Il fait sonner de tous côtés l'appel.
Le cavalier qui fuyait se rassemble,
Au soldat blême, intimidé, qui tremble,
Le saint adresse un discours paternel.