<263>De Kalckesteina Luther prend la figure;
Comme Dessaua se travestit Calvin.
La sainteté du genre féminin,
Ne voulant pas hasarder l'aventure,
Sur un grand chêne aussi haut qu'un clocher
Modestement alla pour se percher,
Et, sans répit, dessus la troupe aimée,
Du haut en bas bénissait son armée.
On ralliait les corps des deux côtés;
Mais les Lorrains sont presque démontés.
Népomucène, en voyant leur faiblesse,
Pour les sauver invente une finesse;
Il sentait bien qu'un combat général
A son parti serait bientôt fatal.
Pour l'éviter, il anima de rage
Le fier Waldeck, dont le bouillant courage
Ne respirait qu'après les grands dangers,
Et qui, suivant son naturel féroce,
Ne demandait pas mieux que plaie et bosse.
Il lui cria : Venez pour nous venger!
Waldeck l'entend, il pique, part, s'élance;
Entre ces corps le prince seul s'avance,
Et fièrement il provoque au combat
Des Prussiens qui se croit la vaillance
De l'attaquer. Truchsa sort avec éclat.
Waldeck l'approche, et la fureur le guide.
Truchs à ce prince en deux coupa la bride;
Le fier Waldeck, écumant de courroux,
Atteignant Truchs de son fer homicide,
Et le frappant, lui fend le deltoïde.
Le sang jaillit, Truchs veut se soutenir,
Il tombe enfin comme un coup de tonnerre,
Bien étonné de se trouver par terre;
La voix lui manque, il commence à frémir


a Voyez t. II, p. 163, et t. III, p. 176-189.

a Le lieutenant-général comte de Truchsess, que le Roi met ici en scène, avait été tué à la bataille de Hohenfriedeberg. Voyez t. III, p. 130.