<265>Et d'un grand coup acéré du fendant,
Dans le biceps profondément le blesse.
Waldeck, voulant de ce bras le frapper,
Le lève; il tombe, en laissant échapper
Ce fer sanglant; son âme fut frappée
Lorsqu'il perdit sa redoutable épée;
Tout sombre et morne, en son cœur enrageant,
Devers les siens il marche lentement.
Comme un lion, quand le nègre le chasse,
Blessé du trait, se retire à pas lents,
Et, de sa queue en battant ses deux flancs,
Tourne la tête, et rugit plein d'audace :
Ainsi Waldeck part sans confusion;
L'air menaçant, il se tourne et murmure.
Chacun le plaint, on panse sa blessure,
Et de son sang tarit l'effusion.
Pendant ce temps s'avançait Saint-Ignon;
De Rottembourg Chasot suivit l'exemple.
L'Autrichien faisait le rodomont;
Chasot l'approche, un moment le contemple,
Et, dégainant, s'assure dans l'arçon.
Saint-Ignon dit : « Je vais t'ôter la vie;
Fais vitement ta prière à Calvin. »
- « Remets ton âme à la Vierge Marie,
Répond Chasot; tu touches à ta fin. »
En même temps, tous les deux s'atteignirent;
Différemment ces héros s'assaillirent,
Car Saint-Ignon, qui n'est qu'un fanfaron,
Fuit le danger. Chasot, se pâmant d'aise,
Le poursuivant, lui perce le trapèze;
La pointe sort au-dessous du menton.
Saint-Ignon jette un cri très-déplorable
Qui, se heurtant par bricole au rocher,
Fait répéter un écho lamentable;
On aurait dit qu'on l'allait écorcher.
Sur son cheval on le voyait pencher,
Sa chute fait un bruit épouvantable;