<28>Ne sont vêtus qu'en sale parchemin.
Passant enfin du sacré vestibule
Au cabinet, dans l'asile divin
Où tu t'enferme, ainsi qu'un capucin,
Je vis l'auteur3 dont la plume polie
Éloquemment défendit la folie,
Ton gros portier, tel que Grandonio,a
Le sieur Erasme en grand in-folio;
Je le passai, perçant avec surprise
L'énorme tas des Pères de l'Église.
J'arrive enfin auprès de ton bureau;
C'est là, Jordan, que tes savantes veilles,
En cophte, en grec, t'apprennent cent merveilles
Qu'avec ardeur tu mets dans ton cerveau.
Là se trouvait l'ouvrage incognito
De l'inconnu mais fameux Abauzite;4
Là se trouvait tout le recueil nouveau
Des derniers vers que fabriqua Rousseau
Depuis le temps qu'il se fit hypocrite.
Je vis encor rangé sur tes rayons
Un gros recueil d'injures bien écrites
D'un huguenot contre les jésuites;
Je vis aussi quelques réflexions
D'un prestolet déclamant comme au prône
Contre la bêtea et contre Babylone,a
Par charité damnant les mécréants,
Pour papegauts livres édifiants.
Près d'eux était le livre des insectes,5
Enfin, la source où l'on puisa les sectes.6
3 Erasme.
a Le géant Grandonio, prince sarrasin d'Espagne, est un des héros du Roland amoureux du Bojardo.
4 Professeur genevois que Jordan cite comme un grand auteur, mais que personne n'a l'honneur de connaître. [Le Roi veut parler de Firmin Abauzit, né à Uzès en 1679, mort à Genève le 20 mars 1767.]
5 Réaumur. [Voyez t. I, p. XLIII.]
6 La B..le.
a Apocalypse, chap. 17.