<37>Dans l'ivresse de l'ambroisie,
Proférant d'immortels accents,
Ma déité, la Poésie,
Vous offrait son divin encens.
Là, bravant les glaces de l'âge,
Un vieux chantre10 prenait courage,
Et célébrait vos agréments.
Pour moi, jeune écolier d'Horace,
A peine ai-je au pied du Parnasse
Passé mon troisième printemps,
Que, rempli d'une noble audace,
J'ose vous consacrer mes chants.
Ni le secours tardif des ans,
Ni le secours prompt de Minerve,
N'ont fait mûrir ma jeune verve;
Mais, chère sœur, mes sentiments,
Trop vifs pour que je les réserve,
Affrontent ces ménagements.
Qui, plein du beau feu qui l'anime,
Brave la césure et la rime,
Mais sait l'art de parler au cœur,
Surpasse d'un froid orateur
Le purisme pusillanime.
(1734.)
10 La Croze [t. VII, p. 4, 9 et 11].