<64>Et qui du funeste laurier
Cueillit la branche ensanglantée!
Son exemple, à jamais fatal au genre humain,
De l'enfer amena sur terre
Le démon cruel de la guerre,
Armé d'un double front d'airain;
La justice, depuis, avec nous fit divorce,
L'équité disparut, tout plia sous la force,
Et de paisibles rois changés en conquérants,
De la gloire avalant la trop flatteuse amorce,
Furent pirates et brigands.
Pyrrhus, en tentant la fortune,
Gémissait sous le poids d'une ardeur importune;
S'il cherchait des dangers et d'illustres rivaux,
Courant, le fer en main, de contrée en contrée,
Son cœur désirait moins la palme des héros
Qu'il ne se promettait de ses projets nouveaux
Qu'au bout de sa course égarée
Son prix serait le doux repos.
O seul et vrai bonheur! ô seul bien de la vie!
Présent précieux d'Uranie,
Tranquillité d'esprit, difficile à trouver,
Et difficile à conserver,
Ton secours à l'espèce humaine
Fait supporter l'adversité,
Modère la prospérité,
Et calme, dans l'âme hautaine,
L'amour de la vengeance et le feu de la haine.
Ta vertu doit son être à la réflexion,
Mais ta plante belle et tardive
Ne prospère point sur la rive
Que possède l'ambition.