<130>N'ont pu par les bûchers, ni les cris des docteurs,
Anéantir les antipodes.
Mais qui vous rend persécuteurs?
Pourquoi votre rage insensée,
Par les convulsions de sa fureur pressée,
S'offense-t-elle enfin que de savants auteurs,
Organes du bon sens, nous peignent leur pensée?
O comble de forfaits! ô siècle! ô temps! ô mœurs!
Je laisse en paix l'amas de vos songes trompeurs,
De votre système apocryphe;
Le crime vous décèle, indignes imposteurs :
Le vicaire de Dieu, votre premier pontife,
Protége des conspirateurs,
Des monstres portugais dont les complots perfides
Armaient contre leur roi des sujets parricides;
L'événement l'atteste, et l'Europe en frémit,
Le sage qui l'apprend en silence gémit.
Quoi! Rome en ce siècle servile
Devient le refuge et l'asile
Du crime, qui s'y raffermit!
Un ordre qui d'Ignace a reçu sa doctrine
Complote dans son sein le meurtre et la ruine
Des États et des citoyens!
Osez-vous, féroces chrétiens
Qui jusqu'au sanctuaire, au milieu de vos temples,6
D'attentats inhumains fournissez des exemples,
Calomnier encor la vertu des païens?
Si vous les accusez de crimes,
Furent-ils comme vous barbares et cruels?
Songez au nombre de victimes
Dont l'inquisition a rougi les autels.
Votre Dieu des âmes sublimes
Exige des vertus, non le sang des mortels;
Platon dirait, voyant vos fêtes triomphales,
Ces innocents menés aux bûchers solennels.
Que vous sacrifiez ces victimes fatales


6 L'hostie empoisonnée qu'ils donnèrent à un empereur, je crois Henri VII.