<131>A des déités infernales.
Ah! jusqu'à quand les nations
Souffriront-elles ces scandales
Et l'abus des religions?
Voilà, voilà pourquoi ces monstres à tonsure,
Ces charlatans de l'imposture,
Défenseurs criminels des intérêts du ciel,
Sont pleins d'acharnement, de fureur et d'envie,
Et contre la raison, et la philosophie;
Voilà pourquoi des flots d'amertume et de fiel
Sont répandus sur votre vie.
Ces fourbes, en tremblant dans leur obscurité,
Craignaient que la raison, d'une vive lumière
N'éclairant de trop près leur coupable carrière,
Nous décelât la vérité.
Laissez ramper dans la poussière
Ces fléaux de l'humanité;
Qu'ils insultent le sage en disant le bréviaire,
Qu'ils confondent l'orgueil avec l'humilité;
De leur croassement la clameur passagère,
O sage d'Alembert! pour votre esprit austère
N'est qu'un son frivole, un vain bruit,
Qui sur l'aile des vents se dissipe et s'enfuit.
Amant de vérités solides, éternelles,
Sans vous embarrasser en d'absurdes querelles,
Du haut du firmament à vos calculs soumis
Méprisez tous vos ennemis.
Continuez en paix, loin de leurs cris rebelles,
Vos découvertes immortelles;
Tandis que leur audace ameute des pervers,
Et qu'à son tribunal l'idiot vous assigne,
Par un sort plus noble et plus digne,
Vous éclairerez l'univers.
(Février 1760. Voyez la lettre de d'Alembert au Roi, du 11 mars 1760.)