ÉPITRE.a
Enfin, le triste hiver précipite ses pas,
Il fuit, enveloppé de ses sombres frimas;
Le soleil vient dorer le sommet des montagnes,
Ses rayons renaissants ont fondu les glaçons,
Les torrents argentins tombent dans les vallons,
Et leurs flots serpentants humectent les campagnes.
Les autans rigoureux, les fougueux aquilons,
Dans les antres du Nord ont cherché leur asile;
Le printemps vient, tout rit; le souffle des zéphyrs
Rend le sein de la terre abondant et fertile,
Il ramène aux mortels la saison des plaisirs.
La nature aux abois, sans force et décrépite,
Que l'hiver a pendant six mois
Ensevelie sous ses lois,
Triomphe du tombeau et d'un sommeil stupide,
Comme l'insecte chrysalide
Ressort de son cocon plus brillant qu'autrefois.
La jeune, la charmante Flore,
Profitant de ces jours sereins,
Incessamment va faire éclore
a Frédéric envoya à Voltaire cette Épître sur le printemps, le 1er mai 1760; elle était alors intitulée, Epître sur le commencement de cette campagne. Il l'envoya en même temps au marquis d'Argens.
Dans la traduction allemande des Œuvres posthumes (Nouvelle édition. A Berlin, 1789, t. VII, p. 108), ce morceau est intitulé Der Frühling (Le Printemps).