<16>Tels, dans ce gouffre affreux, impur, abominable,
Où la Haine établit son trône impitoyable,
On dépeint ces esprits orgueilleux, malfaisants,
Dont la troupe inquiète insolemment conjure,
Dont la rébellion et les vœux impuissants
Tendent à renverser l'ordre de la nature.
Ils disent dans leurs complots :
Des cieux brisons la barrière,
Et replongeons la matière
Dans son antique chaos.
Perfides, vous craignez qu'au tranchant de l'épée
Du sang des citoyens une goutte échappée
Ne reproduise encor de nouveaux défenseurs.
Enfants dénaturés d'une commune mère,
Pour consommer le crime et combler vos noirceurs
Vous armez des brigands d'une terre étrangère;
Compagnons de vos exploits,
Déjà leur fureur conspire
A renverser dans l'Empire
Et l'équilibre et les lois.
Telle, s'abandonnant à sa fougue insensée,
Par trop d'ambition à soi-même opposée,
La Grèce s'épuisa par ses divisions;
L'impérieuse Sparte et l'orgueilleuse Athène,
Se brisant par l'effort de leurs dissensions,
Virent passer le sceptre à la ligue achéenne;
Par ses troubles intestins
La république ébranlée,
Demanda, trop aveuglée,
L'appui des consuls romains.
Mais de ses défenseurs le secours redoutable
L'affaissa sous le poids d'un joug insupportable,
Et les Grecs, de faisceaux partout environnés,
Par leur expérience apprirent à connaître