<28>Ah! ne profanons point les sons de l'harmonie
Et le charme enchanteur qui rend la poésie
Le langage des dieux.
Loin de prostituer les accords de ma lyre,
Je laisse déchirer aux dents de la satire
Les vices odieux.
Mais lorsque la vertu s'offre avec la victoire,
En brûlant d'élever un trophée à la gloire,
J'entonne mes concerts;
Charmé de son éclat, ses beautés immortelles
Raniment de mon feu les vives étincelles,
Et m'inspirent des vers.
Tandis que mon ardeur au Pinde me transporte,
Et que l'enthousiasme et sa brillante escorte
Subjuguent ma raison,
Qu'échauffé des exploits du héros que j'admire,
Leur charme tout-puissant, auteur de mon délire.
Me tient lieu d'Apollon;
Sur mon front décrépit les fleurs se sont fanées,
Le temps amène en hâte et l'âge et les années
Sur ses rapides pas;
De mes jours passagers la briève durée,
Trop prompte à s'écouler, dans peu sera livrée
A la faux du trépas.
Ah! quoique de mes sens la force s'évapore,
Cher prince, satisfait d'avoir de votre aurore
Vu les premiers rayons,
Si mes yeux ne sont plus témoins de votre gloire,
Si la mort me ravit d'une aussi belle histoire
Grand nombre d'actions;