<39>Le Canada bientôt est en proie aux Anglais;
Mais qu'importe à Louis la gloire des Français?
Thérèse, après ces coups, l'âme de l'alliance,
Veut par de grands exploits signaler sa puissance :
Aussitôt tout s'émeut en ses vastes États,
Et l'Autriche en travail enfante des soldats;
La Bohême, opprimée et saignant de ses pertes,
Voit par des camps nombreux ses campagnes couvertes.
Le trouble, la terreur, le désordre s'accroît,
La paix s'envole aux cieux, l'équité disparaît,
On respire le sang, le meurtre, les alarmes,
Les champs restent déserts, tout peuple est sous les armes.
Cet ange qui préside au destin des combats,
Qui dirige ou retient les flèches du trépas,
Arrache la fortune ou soudain la ramène,
Soutenait nos drapeaux d'une main incertaine;
Il permet que le nombre accable la vertu.
L'Autrichien, souvent par nos coups abattu,
Sur des monts escarpés s'assied plein d'arrogance,
Provoque nos soldats et brave leur vaillance.
Tout ce qu'ont pu jamais le courage, l'honneur,
Le mépris des dangers, la gloire, la valeur,
Parut en ce combat. Les assauts se succèdent,
Les monts sont emportés, déjà nos rivaux cèdent;
Mais le nombre nous manque; en ce moment fatal
La victoire s'envole au camp impérial.a
De la Prusse aux abois on crut la chute sûre;
On présageait sa mort d'une faible blessure.
Ce qu'il restait de rois jusqu'en ces jours d'horreurs,
De nos combats sanglants tranquilles spectateurs,
L'esprit préoccupé de frivoles attentes,
Flattés de partager nos dépouilles sanglantes,
Des triumvirs vainqueurs grossissent le parti.
Ce peuple confiné vers le pôle aplati,
Sous des rois belliqueux si redouté naguère,
Qu'avilit maintenant un sénat mercenaire,


a Bataille de Kolin. Voyez t. IV, p. 141-149.