ÉPITRE A MA SŒUR AMÉLIE.
Vous souffrez donc aussi de nos cruelles guerres,
Et le Français fougueux, insolent et pillard,
Conduit par un obscur César,
A, dit-on, ravagé vos terres;a
Tandis que sans raison, guidé par le hasard,
Un ennemi cent fois plus dur et plus barbare,
Par le fer et le feu signalant ses exploits,
Par le Cosaque et le Tartare,
A réduit la Prusse aux abois.b
Effaçons de notre mémoire
Des objets révoltants qui doivent lui peser;
Nous rappeler toujours notre funeste histoire
Serait aigrir des maux que l'on doit apaiser.
Moi, dont les blessures ouvertes
Saignent encor de tant de pertes,
M'approchant du bord du tombeau,
Pourrais-je en rimes enfilées
Peindre, d'un languissant pinceau,
Dans le deuil, dans l'ennui tant d'heures écoulées,
Et de nos pertes signalées
a La princesse Amélie fut installée abbesse de Quedlinbourg le 11 avril 1756. Le 1er septembre 1757, le colonel Fischer entra à la tète d'une brigade française sur le territoire de cette abbaye.
b Voyez t. IV, p. 193-197.