<5>Avec elle pleurant ses revers mémorables,
Accablé par le poids des destins implacables
Contre elle déchaînés,
J'entrevois, dans l'horreur de l'ombre que j'abhorre,
Les prémices charmantsa et la naissante aurore
De ses jours fortunés.

Les dieux en ce séjour ne font plus de miracles;
Les mortels, entourés de gouffres et d'obstacles
Qui bordent leur chemin,
Ont reçu d'eux en don l'esprit et le courage,
Utiles instruments dont l'admirable ouvrage
Corrige le destin.

La mort est un tribut qu'on doit à la nature,
C'est lui rendre son bien dont on tira l'usure
Dans l'âge florissant;
Mévius le paya de même que Virgile,
Et le lâche Paris, et le vaillant Achille,
Aucun n'en fut exempt.

Cette mort, dont on craint la redoutable image,
Peut vous rendre immortels, si vous vengez l'outrage
De vos lares, Prussiens.
L'amour de la patrie, à Rome secourable,
Changeait en demi-dieux de ce peuple adorable
Les moindres citoyens.

Eh quoi! notre siècle est-il donc sans mérite?
Du monde vieillissant la masse décrépite
Est-elle sans vertus?
Par ses productions la nature épuisée
Laisse-t-elle en nos jours la terre sans rosée,
L'Océan sans reflux?


a Voyez t. IV, p. 166 et suivantes.