<72>S'il se tourne sans qu'on l'ordonne
Dans l'acharnement des combats,
La victoire nous abandonne,
Et la sanguinaire Bellone,
En profitant de ces moments,
Du plus inébranlable trône
Bouleverse les fondements.
Si j'osais, Dieu me le pardonne,
Rimer en on tout comme en u.
Jamais poëte dans le monde
Depuis Homère n'aurait eu
Une matière plus féconde.
Mais la décence et la vertu,
Toujours aux Muses départie,
Dont mon style s'est revêtu,
Veut même que dans l'impromptu
Je respecte la modestie.
Laissons donc l'u tout comme l'on,
Et, sur des rimes moins cyniques,
De tous ces tonneliers2 comiques
Prenons congé sur l'Hélicon.
Partez tous, héros éphémères,
Héros musqués et si polis;
Dans vos quartiers ensevelis,
Allez vous bercer des chimères
D'exploits si galants, si jolis.
Pompadouriques coryphées,
Érigez-vous de beaux trophées,
Mais que ce soit en d'autres lieux.
Ou si, persistant dans vos haines,
Toujours joints à mes envieux,
Vous revenez dans ces arènes,
2 On appelait les Français tonneliers, parce qu'ils avaient avec eux les troupes des cercles [de l'Empire].