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ÉPITRE A D'ALEMBERT.

Vous ne le croirez point, sage Anaxagoras,
Qu'au siècle où nous vivons, il soit en ces États,
Même au sein révéré de notre Académie,
Un ennemi secret de la philosophie,a
Qui, jadis reconnu pour très-mince aumônier,
Fait métier maintenant de nous calomnier.
Cependant il s'érige en écrivain habile;
Ce bel esprit pesant, nourri .....,
Soutient que tout penseur qui regimbe à son frein,
Que tout bon raisonneur n'est qu'un franc libertin,
Aux plaisirs adonné, séduit par Épicure,
Qui suit brutalement l'instinct de la nature;
Mais qu'il attend le jour de deuil, d'adversité,
Où ce penseur hardi, tristement alité,
Verra de près la mort, qui de sa faux tranchante
Dans ses sens affaiblis portera l'épouvante;
Qu'alors ses goûts charnels se réduisant à rien,
La peur du vieux Satan le rendra bon chrétien.
Passe qu'en un sermon un sot ainsi s'exprime;
Mais mon docteur écrit, ce vil fatras s'imprime,
On le lit en bâillant à l'honneur du Midas.
Faut-il donc me guetter au moment du trépas


a M. Formey, secrétaire perpétuel de l'Académie de Berlin. Voyez la lettre de Frédéric à d'Alembert, du 27 avril 1773.