<124>Et rendre votre esprit plus tranquille et plus ferme.
Les temps qui sont passés ne sauraient revenir,
Mais vous pouvez encor, cher comte, rajeunir.
N'est-il d'autres plaisirs que dans la source impure
Où s'en vont se vautrer les pourceaux d'Épicure?
Voyez ces partisans des sales voluptés,
N'en sont-ils pas enfin et las et dégoûtés?
Il est, il est, croyez, des plaisirs pour tout âge.
Écoutez ce qu'a dit un grand homme, un vrai sage,
Ce sauveur des Romains, l'immortel Cicéron.
Déchu de ses honneurs, paisible en sa maison
Au sein tumultueux de la guerre civile,
Détestant les tyrans, gardant l'esprit tranquille,
Voici comme il s'exprime, en parlant aux Romains :a
« Les lettres font, dit-il, le bonheur des humains :
La jeunesse à leurs soins doit sa course brillante,
Par elles la vieillesse est moins sombre et pesante;
L'heureux extravagant y reprend sa raison.
Le misérable y voit sa consolation;
Chez nous, chez nos voisins, exilés, solitaires,
Leur secours en tout temps adoucit nos misères »
Quel plus noble plaisir que d'apprendre à penser?
Tout ce que vous perdez ne peut le compenser.
Le temple des beaux-arts vous ouvre son asile;
C'est là qu'est réuni l'agréable à l'utile,
C'est là que vous pourrez, à l'abri des soucis,
Voir d'un soleil couchant les rayons éclaircis,
Contempler le néant des vanités du monde,
De vos plaisirs passés l'illusion profonde,
Rester inébranlable aux divers coups du sort,
Et jouir du présent sans redouter la mort.
L'unique et le seul bien digne qu'on le réclame
Est la santé du corps et le repos de l'âme.
a Voyez t. VIII, p. 156 et 304; et t. IX, p. 205.