<137>Ainsi ma muse annonce en ses heureux présages
Du bonheur de l'État jusqu'à la fin des âges
La durable splendeur.
Que le sein déchiré des serpents de l'envie,
Arrachant nos lauriers, l'affreuse Calomnie
Frémisse de fureur;
Qu'elle lance sur nous de ses armes fatales
Des traits empoisonnés aux ondes infernales
Pour blesser notre honneur :
Qu'importe? aucun mortel ne fut invulnérable;
Mais il trouve un vengeur dans l'arrêt équitable
De la postérité.
Une âme magnanime, amante de la gloire,
Malgré ses envieux fait passer sa mémoire
A l'immortalité.
C'est ainsi que ma muse au pied d'un vieux trophée
A pu ressusciter de la lyre d'Orphée
Les magiques accords;
Que par des sons hardis ma trompette guerrière
Des Prussiens aux combats dont s'ouvre la barrière
Animait les transports.
Faite dans les camps auprès de la Saale, le 4 d'octobre 1757.
Federic.