IV. (a) ÉPITRE AU MARQUIS D'ARGENS,a APOLOGIE DU SUICIDE.
Ami, le sort en est jeté;
Las du destin qui m'importune,
Las de plier dans l'infortune
Sous le joug de l'adversité,
J'accourcis le temps arrêté
Que la nature notre mère
A mes jours remplis de misère
A daigné départir parprodigalité.
D'un cœur assuré, d'un œil ferme,
Je m'approche de l'heureux terme
Qui va me garantir contre les coups du sort.
Sans timidité, sans effort,
J'entreprends de couper dans les mains de la Parque
Le fil trop allongé de ses tardifs fuseaux;
Et sûr de l'appui d'Atropos,
Je vais m'élancer dans la barque
a Voyez t. XII, p. 56-63. Voltaire, parlant à Frédéric de cette poésie dans une de ses lettres, la désigne par les mots Votre épître d'Erfurt; et dans les Œuvres complètes de Voltaire, édition de Kehl, t. LXV, p. 249, les éditeurs ont ajouté en note sous le texte de cette lettre : Le testament du Roi, avant la bataille de Rossbach.