<167>A l'image trop douloureuse
Des maux que je craignais que vous pouviez souffrir!
Ah! fut-il jamais un modèle
D'une tendresse plus fidèle
Que celui que vous nous donnez?
Si la vertu rend immortelle,
Les autels vous sont destinés.
Qu'un cœur pétri de boue ou qu'une âme commune,
Sans sentiments et sans honneur,
Place le souverain bonheur
Dans ces frivoles biens, jouets de la fortune;
Qu'en lâche il se livre à l'erreur
De l'intérêt qui l'importune :
Mais qui possède votre cœur,
Espoir sur lequel je me fonde,
Le trouve au-dessus, tendre sœur,
De tous les trésors de ce monde.
Ah! si tous ces mortels d'un faux éclat surpris,
Qui par de vains désirs empoisonnent leur vie,
D'un cœur fidèle et pur reconnaissaient le prix,
A mes tristes grandeurs ne portant plus d'envie,
Quittant tous leurs projets, ils ne seraient jaloux
Que du bonheur que j'ai d'être chéri de vous.
Mais quel trouble soudain me coupe la parole?
Tandis qu'une image frivole
Me rappelle mes jours sereins,
Quand, pour adoucir mes chagrins,
Votre souvenir me console,
Des cris lugubres et perçants
Me font frémir d'horreur et me glacent les sens.
Mes yeux se couvrent de ténèbres;
Les Grâces, les Vertus, sous des voiles funèbres,
Par leurs plaintifs gémissements,
Méprisant leurs attraits et négligeant leurs charmes,
M'annoncent, en fondant en larmes,
Et vos dangers, et mes tourments.
La mort, l'affreuse mort menace votre vie;